J.2 Avec un cercueil comme seul toit (Paris et Bruxelles)

De Les droits humains au coeur de la cité
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Les morts de la rue…

Plus de 2000 personnes sans domicile fixe mourraient dans la rue en France chaque année, victimes du froid, de l’épuisement, de maladies et très souvent de la violence. Selon le Collectif Les morts de la rue, qui a recensé ces chiffres, la plupart des personnes décédées sont des hommes, proches de la cinquantaine.

Depuis 2002, cette association s’efforce d’attirer l’attention des pouvoirs publics et de l’opinion sur ces SDF. Le collectif lutte pour que soient reconnus leurs droits à la sécurité, à la dignité, à l’intégrité physique et morale, mais il milite plus fondamentalement encore pour une réforme profonde de l’approche suivie à l’égard des sans-abri. Selon les chiffres – partiels – qu’il a collectés, le phénomène semble en effet s’étendre, notamment en Ile-de-France.

En 2010, face à cet accroissement des cas de “morts de la rue”, l’association a tiré la sonnette d’alarme et lancé une campagne “choc”. « En 2009, 406 sans-abri ont trouvé un toit », peut-on lire sur son affiche, illustrée par ... un cercueil!

Le Collectif est appuyé par des associations déjà très engagées dans la lutte contre l’extrême pauvreté et pour le droit au logement, comme ATD-Quart Monde, France Terre d’Asile, les Restos du Cœur, le Secours populaire et le Secours catholique. Son action a été reconnue par un certain nombre de pouvoirs publics, locaux et régionaux. Des bourgmestres, à l’image du maire de Paris, Bertrand Delanoë, lui ont offert l’accès aux salles communales et ont participé aux cérémonies d’hommage aux morts.

Deux fois par an, le Collectif publie sur le site de la Mairie de Paris des listes de personnes mortes dans la rue pour honorer leur mémoire, mais aussi pour prévenir leurs proches, souvent et depuis longtemps sans nouvelles. Il organise également des manifestations publiques au cours desquelles des membres de l’association récitent les noms des disparus. Du moins quand ils ont pu les identifier : les listes contiennent en effet de nombreux espaces vides, sans mention de nom, voire de prénom, d’âge ou de date du décès.

L’association, en convention avec la ville de Paris, accompagne également les personnes qui sont mortes dans l’isolement, à l’exemple de l’expérience menée à Lyon par Mort sans toi(t).

Elle réalise aussi un précieux travail de recherche et de réflexion, qui débouche sur une remise à plat des mécanismes d’aide aux sans abri. En effet, en dépit de nouvelles législations, de l’adoption de la Charte du Canal St-Martin [1] et de l’ouverture de lieux d’hébergement d’urgence ou de stabilisation, le problème des SDF reste entier. « Au total, remarque le Collectif, on peut au moins conclure que le système d’aide actuel est objectivement inefficace : il ne permet pas à l’immense majorité de sortir vraiment de la rue et humainement d’avancer ».

Au-delà de l’offre de logements d’urgence, l’association plaide en particulier pour la création de centres d’accueil qui soient non pas des parking de nuit, mais de véritables lieux de vie, non pas des dortoirs collectifs, mais des immeubles dotés de chambres individuelles qui permettent de créer un “chez soi” au sein duquel les SDF puissent retrouver leurs repères. Le Collectif prône une politique d’accompagnement personnalisé des sans-abri afin que ceux-ci puissent se reconstruire, retrouver leur dignité, faire entendre leurs demandes et se réinsérer au sein de la société, avec tous leurs droits. L’association développe également un argumentaire en faveur d’une politique transversale, holistique, de la question des sans-abri, en insistant en particulier sur la prévention (accompagnement des jeunes en rupture, aide aux chômeurs de longue durée, etc.) car la perte du logement est souvent l’ultime étape d’un long processus de décrochage social et de marginalisation.

Actualisation, sources & pour en savoir plus

accompagnement personnalisé des sans-abri, qui aille au delà de l’aide d’urgence, et d’une plus grande transversalité entre les services sociaux, publics et associatifs concernés.

  • Le site de l’association Les enfants de Don Quichotte, qui s’est rendue célèbre par l’installation de ses tentes rouges le long du Canal Saint-Martin à Paris, et qui se donne pour but de pratiquer l’agitation médiatique en faveur des SDF, en collaboration avec les autres associations de défense des sans-abri.

Contacts du Collectif Les morts de la rue

Siège : 72 rue Orfila

75020 PARIS

France

Tél. : 00 33 1 42 45 08 01 Fax : 00 33 1 47 97 23 87 Portable : 00 33 6 82 86 28 94 Courriel : mortsdelarue@free.fr

Expériences similaires

Le collectif Les Morts de la rue de Bruxelles

Ce Collectif est né en 2004 à la suite de la découverte de deux personnes à la gare du Midi, plusieurs mois après leur décès. Il regroupe des associations de première ligne, des habitants de la rue, des institutions et des citoyens concernés. Il s’est donné pour objectif de « tout mettre en oeuvre pour témoigner du sort des exclus, pour interpeller les autorités à ce sujet et pour que les personnes décédées soient traitées avec dignité ».

ATD Quart-Monde a assuré la coordination du Collectif pendant les 6 premiers mois. Depuis mai 2005, l’asbl Diogènes met à la disposition de ce dernier les ressources humaines et moyens logistiques nécessaires à sa coordination.

Les cérémonies d’hommage en faveur des personnes mortes dans la rue sont devenues annuelles et se tiennent dans la salle gothique de l’hôtel de ville de Bruxelles.

Actualisation

En 2011, avec le soutien de la Ville de Bruxelles, un arbre a été planté à proximité de la gare centrale, « monument vivant à la mémoire des Morts de la rue ». Et en décembre 2014, le Collectif Les Morts de la rue a été lauréat du prix Régine Orfinger-Karlin, décerné par la Ligue des Droits de l’Homme.

Contacts

Collectif Les Morts de la rue

Place de Ninove 10

1000 BRUXELLES

info@mortsdelarue.brussels Florence Servais : 0487 37 95 96 Bert De Bock : 0476 74 81 37 Zaila Van der Steen : 0476 88 11 19

L’asbl Diogènes : 02 502 19 35

  1. Lancée à l’initiative de l’association Les Enfants de Don Quichotte, dans la foulée de la mobilisation pour les SDF installés le long du Canal Saint-Martin à Paris en 2006, cette Charte plaide pour l’ouverture permanente des centres d’hébergement et l’humanisation de l’accueil des sans abris.