K.3 Des cantines bio, pour que nos enfants ne nous accusent pas !

De Les droits humains au coeur de la cité
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On est loin du compte…

« La Cité garantit à tous les habitants l’accès à une nourriture suffisante, saine et nutritive », proclame l’article 11 de la Charte Agenda.

On est malheureusement bien loin du compte ! Alors que 815 millions d’êtres humains sont sous-alimentés, selon la FAO [1], 640 millions d’adultes souffrent d’obésité ! Les études scientifiques démontrent de plus en plus fréquemment l’impact néfaste des pesticides et autres produits chimiques sur notre santé.

De nombreux cancers seraient ainsi provoqués notamment par des pollutions chimiques présentes dans l’air que nous respirons, mais aussi par des résidus de pesticides et autres substances toxiques contenus dans les aliments que nous consommons.

Et ces cancers, ainsi que plusieurs autres maladies, comme les allergies alimentaires et les troubles de la fertilité, sont en augmentation constante. En France, l’incidence du cancer aurait augmenté de 93% en 25 ans chez l’homme ![2] Et chaque année, ce mal toucherait 1,1% d’enfants supplémentaires. C’est dès lors toute la chaîne alimentaire qu’il faut d’urgence repenser, de la production à la consommation. Le maire de Barjac, un petit village au pied des Cévennes, en France, a décidé de réagir, à son niveau, celui de sa commune, en transformant la cantine scolaire en cantine bio et en mettant plus largement l’accent sur le “ manger sain et local ”.

Pour sensibiliser encore davantage les enfants, l’école du village a démarré un jardin potager, où les élèves cultivent salades, choux, oignons, fraises, qu’ils cueillent à maturité, goûtent sur place (important, l’éducation des papilles !) puis vont porter aux cuisiniers de la cantine qui leur préparent les légumes pour le repas du midi.

Ces initiatives – cantine bio et jardin scolaire – ont retenti sur toute la vie de la commune : familles, commerçants et agriculteurs locaux, comme l’explique le maire. Il faut dire qu’il n’a pas ménagé sa peine et a multiplié les réunions de parents, l’organisation de conférences où des spécialistes de l’agriculture biologique venaient répondre aux questions des citoyens, mais aussi les rencontres avec les agriculteurs du village et des environs.

« Dire à des parents qu’ils ne nourrissent pas bien leurs enfants, a priori ce n’est pas porteur électoralement ! Dire à des paysans que leurs produits n’offrent pas toujours toutes les garanties sanitaires, ce n’est pas non plus porteur électoralement. Mais si on le fait en toute amitié, on avance ensemble », déclarait le maire, au cours d’une de ces rencontres.

Cette histoire, Jean-Paul Jaud l’a présentée dans un film intitulé Nos enfants nous accuseront. Un documentaire choc, qui met en exergue les dangers de la malbouffe et débusque les effets nocifs des additifs chimiques (conservateurs, colorants, édulcorants, émulsifiants...) dont sont bourrés les plats préparés, en-cas et goûters des enfants. Mais il dénonce aussi et surtout « l’empoisonnement des campagnes par la chimie agricole (76 000 tonnes de pesticides déversées chaque année sur le sol français) et les dégâts occasionnés à la santé humaine », explique le réalisateur.

Il faut dire que dans la région du Gard, au pied des Cévennes, cette pratique de l’épandage chimique est particulièrement répandue. Dans le film, un agriculteur raconte par exemple que pour l’entretien de ses arbres fruitiers (pêchers, etc.) il utilise... 22 produits chimiques différents ! Un autre avoue qu’il n’aurait jamais mangé certains des fruits et céréales qu’il cultivait. Un troisième dénonce les pulvérisations massives de désherbant dans les rizières en Camargue. Quant à la femme d’un quatrième, elle confie que son mari saigne du nez pendant trois jours chaque fois qu’il pulvérise ses cultures.

D’après les témoignages des médecins, de nombreux enfants d’agriculteurs souffrent de graves problèmes de santé : leucémies, problèmes de malformations génitales, problèmes neurologiques, surtout chez les viticulteurs.

Le constat est accablant. Certains critiques ont d’ailleurs reproché à ce film de forcer un peu le trait et d’être parfois alarmiste à l’excès, comme quand le réalisateur liste, pour chaque aliment consommé par les enfants, les composants nocifs qui s’y trouvent : nitrates, pesticides, phtalates, métaux lourds..., mais en omettant de préciser en quelle quantité ni si, à cette dose-là, ils sont toxiques pour la santé.

Mis à part ce bémol, l’intérêt de ce film, c’est qu’il ne se contente pas de dresser un état des lieux effrayant, mais qu’il montre aussi que l’on peut changer les choses. Et l’enthousiasme qu’y mettent le maire, l’institutrice, les cuisiniers de la cantine, les enfants, les parents et finalement tout le village est contagieux.

On ne sort dès lors pas de la projection complètement déprimé. Mais on éprouve, par contre, le vif sentiment qu’il y a urgence à agir. Non seulement en créant des cantine bio mais, plus globalement, en interpellant nos élus politiques et en menant campagne afin que les législations sur les pesticides soient modifiées. Pour que nos enfants ne nous accusent pas.

Et en Belgique ?

Actualisation

De nombreuses communes belges se sont, elles aussi, lancées dans l’aventure des cantines scolaires bio.

L’ASBL Bioforum Wallonie, devenue Biowallonie, accompagne les producteurs dans le développement de leur activité professionnelle en agriculture biologique. Biowallonie agit aussi dans le domaine de la restauration collective, via Les Cantiniers, le réseau des cantines wallonnes vers une alimentation durable, lancé en 2016 par Carlo Di Antonio, ministre de l’Environnement. Le projet Les Cantiniers souhaite favoriser le bio dans les cantines et offre un véritable coaching en alimentation durable. Concrètement, des experts peuvent se rendre dans vos cantines (écoles, entreprises...) sur simple demande pour un accompagnement personnalisé, 100% gratuit.

Contacts

Biowallonie

Avenue Comte de Smet de Nayer 14 5000 Namur

Tél. : 081 281 010

https://www.biowallonie.com https://www.lescantiniers.be

Sources & pour en savoir plus

Nos enfants nous accuseront, un film de Jean-Paul Jaud, production J+B Séquences (renseignements sur : http://www.jplusb.fr/index.php?page=boutique_fiche&id=17, 112 minutes.

« Sombreffe : une cantine verte », un reportage de Gaëtane Mangez, paru dans Le Ligueur n°28, du 18/11/2009.

La page Facebook Les Cantiniers.

Les Cantiniers : la Wallonie veut favoriser le bio dans les cantines scolaires, Florence Dussart, RTBF.be, le 20/9/2016.

  1. Rapport publié en 2017
  2. Chiffres cités dans le film de Jean-Paul Jaud, Nos enfants nous accuseront.