D.1 Pour une participation égalitaire des femmes et des hommes à la vie de la Cité

De Les droits humains au coeur de la cité
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Article rédigé en 2010 et actualisé en novembre 2017 sous le texte.

L’exemple de Montréal

« …une véritable démocratie ne peut s’exercer sans la contribution égalitaire des femmes et des hommes dans toutes les sphères de l’activité humaine », souligne Gérald Tremblay, le maire de Montréal.[1]

Ville phare en matière d’égalité des genres, Montréal a mis en place, depuis plusieurs décennies, une politique volontariste, en adoptant différents plans d’action, programmes et chartes dont le bilan est régulièrement évalué.

En 1989, le programme Femmes et villes était ainsi créé. Chargé de veiller à la mise en œuvre des engagements pris par le Conseil municipal en matière d’égalité, il fit, dès 1990, de la sécurité des femmes sa priorité. Il a aujourd’hui acquis une renommée qui a largement dépassé les frontières du Canada.

En 2004, la Ville de Montréal crée le Conseil des Montréalaises. Composé de 15 bénévoles, nommées par le Conseil municipal sur recommandation d’un comité de sélection rassemblant des élues, il a pour fonction d’émettre des avis et d’adresser des recommandations au pouvoir local concernant tous les dossiers ayant un impact sur les conditions de vie des femmes. Adoptée en 2005, la Charte montréalaise des droits et responsabilités stipule quant à elle que l’égalité doit présider aux activités et services de la ville. Par l’article 16, cette dernière s’engage à « soutenir l’égalité entre les femmes et les hommes » dans toutes ses activités.

Au-delà des belles déclarations, du concret.

S’il y a encore du chemin à parcourir pour que cette égalité soit complète, comme le reconnaissent les responsables politiques eux-mêmes, ce qui est remarquable, c’est la continuité et le renforcement de cette politique au fil des ans.

Dans le plan d’action 2008-2012, intitulé Pour une participation égalitaire des femmes et des hommes à la ville de Montréal, les objectifs sont précis et assortis de mesures pour les réaliser.

Parmi ceux-ci, on retiendra :

  • Atteindre, d’ici 2012, la parité femmes-hommes, dans les conseils d’administration des sociétés paramunicipales et de la Société de transport montréalaise ainsi que dans les postes à responsabilités, comme la haute direction de la ville. Fin 2007, juste avant le lancement du plan d’action, le pourcentage de femmes nommées par la municipalité dans ces conseils s’élevait à 30% et 17% des hauts cadres de la ville (directrice principale ou adjointe) étaient des femmes.
  • Encourager les partis politiques à présenter davantage de femmes aux élections, afin d’augmenter le nombre des élues. En 2007, 36% des personnes élues au suffrage municipal étaient des femmes.
  • Promouvoir l’égalité face à l’emploi. La ville de Montréal est l’un des plus gros employeurs du secteur public au Québec. C’est dire l’importance et la portée que revêt l’adoption par la ville d’une politique d’égalité femmes-hommes dans le domaine de l’emploi.[2] Notamment en ce qui concerne la politique de recrutement. Au cours des 12 dernières années, 48% des personnes qui ont été engagées par la ville sont des femmes. Actuellement, elles occupent 39% des emplois municipaux – contre 16% seulement en 1987 ! Dans le Service de police de la communauté urbaine, 41% des personnes embauchées entre 2001 et 2005 étaient des femmes. La ville de Montréal a également pris des mesures pour favoriser la conciliation entre vie familiale et professionnelle, notamment en matière d’aménagement concerté du temps de travail : horaires flexibles, variables, possibilité de travail à temps partiel, de congés sans solde, création d’une banque globale du temps de travail, etc.
  • Adopter l’Analyse différenciée selon les sexes comme outil de gouvernance dans tous les services. «  L’égalité ne signifie pas traiter tous les groupes de la même façon. Pour obtenir une véritable égalité, il faut souvent que les politiques et les programmes traitent des personnes et des groupes différents de façon différente. »[3]
  • Renforcer l’égalité face à la propriété. Montréal a édicté un Programme d’aide à l’accession à la propriété. Résultat ? 52% des personnes seules qui ont pu accéder à la propriété par ce biais sont des femmes.
  • Renforcer la sécurité, pour permettre une pleine participation des femmes à la vie de la Cité. En la matière, l’expertise de Montréal est internationalement reconnue (voir fiches sur Les marches exploratoires des femmes pour la sécurité et Comment améliorer la sécurité dans ma commune ?)

Dans chacun de ces domaines, une politique volontariste est menée par la ville de Montréal. Et les résultats engrangés sont à la mesure des efforts déployés. Pour promouvoir l’égalité des genres, les municipalités disposent d’un réel pouvoir. Que ce soit en matière d’embauche dans l’administration, d’adoption de mesures pour mieux concilier vie familiale et professionnelle, d’accès au logement ou à la garde des enfants, de nominations dans les conseils d’administrations d’institutions dépendant de la ville, etc. Cette liste n’est bien sûr pas limitative. À chaque commune d’exercer sa créativité !

Le Plan d’action 2015-2018. Pour une participation égalitaire des femmes et des hommes à la vie de Montréal, a confirmé la politique volontariste menée par cette ville en matière d’égalité entre les sexes. Et pour la première fois depuis la fondation de Montréal, il y a 375 ans, la ville est aujourd’hui dirigée par une femme. Le 5 novembre 2017, Valérie Plante a, en effet, remporté les élections communales et est devenue mairesse de Montréal.

Sources & pour en savoir plus •

  • Pour une participation égalitaire des femmes et des hommes à la vie de Montréal, Direction de la diversité sociale du Service du développement culturel, de la qualité du milieu de vie et de la diversité ethnoculturelle, avril 2008, 28 pages. Disponible sur :https://montreal.ca/sujets/egalite-entre-les-femmes-et-les-hommes • 
  • La charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale, sous la direction de Sandra CECIARINI, Conseil des communes et régions d’Europe (CCRE/CEMR), avec le soutien de la Commission européenne.
  • Une ville à la mesure des femmes. Le rôle des municipalités dans l’atteinte de l’égalité entre femmes et hommes, Fédération canadienne des municipalités, Programme Femmes et villes de Montréal, 2004, 52 pages.
  • Un document qui contient un questionnaire permettant de jauger la performance de chaque ville en matière d’égalité entre les femmes et les hommes : que reste-t-il à mettre en oeuvre pour atteindre un accès équitable des citoyennes et des citoyens aux services et aux ressources de la Cité et une égale participation à sa gestion ? Disponible en ligne sur : www.womenincities.org/pdf-general/FCM_ville_femmes_FR.pdf
  • Comment les villes de Paris, Berlin, Munich, Londres et Bristol gèrent-elles l’égalité des sexes ? C’est ce qu’on découvrira dans Politique municipale d’égalité femmes/hommes. Convercité, 2006, 27 pages. Voir l’annexe 1 sur la page «  Femmes et villes ».

La Belgique à l’avant-garde

En matière de parité du personnel politique, la Belgique fait figure de pionnière. Dès 1994, la loi Smet-Tobback imposa l’introduction d’un quota minimum d’un tiers de femmes sur les listes électorales. En 2002, la loi fut révisée et instaura la parité femmes/hommes sur les listes pour les élections législatives, régionales et européennes. En 2005 et 2006, les entités fédérées ont adopté des dispositions législatives semblables pour les institutions politiques locales qui relèvent désormais de leurs compétences.

Source et pour en savoir plus La participation des hommes et des femmes à la politique belge, Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, Bruxelles, 2006, 128 pages. http://igvm-iefh.belgium.be/fr/publications/de_deelname_van_mannen_en_vrouwen_aan_de_belgische_politiek

Références

  1. Dans Pour une participation égalitaire des femmes et des hommes à la vie de Montréal, Direction de la diversité sociale du Service du développement culturel, de la qualité du milieu de vie et de la diversité ethnoculturelle, Montréal, avril 2008, p. 2.
  2. En 2004, le comité exécutif de la ville de Montréal a adopté un plan d’action intitulé Programme d’accès à l’égalité en emploi 20042009 (PAÉE) visant une meilleure application de la Loi sur l’accès à l’égalité en emploi dans des organismes publics.
  3. Analyse comparative selon les sexes, Guide d’élaboration de politiques, Condition féminine du Canada, Ottawa,1996.