A.1 Graz (Autriche), Ville des droits humains

De Les droits humains au coeur de la cité
Aller à la navigation Aller à la recherche

Située aux confins de la Slovénie et de la Hongrie, la ville de Graz (Autriche), compte 300 000 habitants, dont 14% sont d’origine étrangère.

En 2001, le Conseil municipal décide, avec l’appui de la ministre des Affaires étrangères et future commissaire européenne Benita Ferrero-Waldner, de faire de la commune une Ville des droits humains (voir fiche Comment devenir une Ville des droits humains ?). Une initiative à haute valeur symbolique si on se réfère au passé de la cité, marqué par l’intolérance, que ce soit lors des guerres de religions entre catholiques et protestants, du XVI e au XVIII e siècle, ou en 1940, lorsque les nazis déclarèrent Graz judenrein, c’est-à-dire « débarrassée de sa population juive ».

Pour devenir une Ville des droits humains, Graz s’est inspirée de la démarche et des procédures mises en place par l’ONG newyorkaise PDHRE (People’s Decade for Human Rights Education, aujourd’hui dénommée People’s Movement for Human Rights Learning), qui a lancé le réseau mondial des Villes de droits humains

En 2002, sous la coordination du European Training and Research Centre for Human Rights and Democracy (ETC), un institut situé à Graz et spécialisé dans la formation aux droits humains, un comité de pilotage formé de représentants d’institutions (Université, magistrature, police) et d’associations non gouvernementales publie un état des lieux des droits humains dans la ville. Il désigne également trois groupes de travail qui fixent un programme d’action, identifiant 6 domaines prioritaires : femmes, enfance et jeunesse, handicapés, migrants, personnes âgées et personnes socialement défavorisées.

À la suite d’un changement de majorité fin 2002, l conseil communal n’adopte pas officiellement ce programme, mais certaines de ses actions sont mises en œuvre par l’ETC et des associations issues de la société civile. Il faudra attendre l’année 2007 pour voir la création officielle d’un Conseil des droits humains (Menschenrechtsbeirat) et sa constitution comme institution permanente au sein de la commune.

Le Conseil des droits humains

Composé de 28 membres, le Conseil des droits humains compte des représentants des partis politiques, de l’administration communale, de la magistrature, de l’Université, des Eglises, des médias et de la société civile, présents à titre individuel et nommés par le maire sur base des recommandations d’un groupe indépendant.

Le Conseil est la principale institution communale chargée à la fois de proposer des initiatives, de mener à bien des projets et de contrôler, par le biais notamment d’un rapport annuel, le bilan de la commune en matière de droits humains.

Activités

  • Mise en œuvre des politiques promues par la Charte mondiale du droit à la ville : protection des plus vulnérables, gestion démocratique des propriétés urbaines, lutte contre la discrimination et la ségrégation sociale, droit au logement et accès aux services sociaux, promotion des bonnes pratiques en matière de droits humains. Analyse des réglementations communales en matière d’achats et de marchés publics : les entreprises qui veulent remporter un appel d’offre communal doivent démontrer qu’elles suivent des politiques non-discriminatoires concernant le genre, l’orientation sexuelle, l’origine ethnique ou religieuse, etc.
  • Analyse des mesures et règlements communaux afin de les rendre plus favorables à l’intégration des étrangers. En 2001, Graz a été désignée par le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés) comme la ville autrichienne « la plus accueillante à l’égard des réfugiés », en particulier ceux originaires de l’ex-Yougoslavie et de la Tchétchénie, et elle est devenue, en collaboration avec l’International Pen Club, une Ville refuge pour écrivains victimes de la répression. Elle a notamment accueilli le journaliste écrivain bangladeshi Jahangir Alam Akash (voir fiche Comment devenir une ville refuge ?).
  • Installation d’un Conseil de la migration, composé de représentants des divers groupes ethniques, de la ville de Graz et d’ONG. Ce Conseil a une fonction consultative et son attention se porte surtout sur les questions d’accès au logement public et aux services sociaux.
  • Instauration d’une unité anti-discrimination au sein de la mairie, afin de lutter contre la discrimination à l’encontre des migrants en matière de logement, d’éducation et d’emploi. Organisation de rencontres religieuses et interreligieuses, comme la première Réunion des imams européens.
  • Appui à l’organisation Jeunes contre la violence et le racisme au sein du réseau scolaire de la ville.
  • Instauration d’une Commission des sages, chargée de détecter les abus contre les droits humains. Elle publie chaque mois une liste des publications, documents et discours à caractère xénophobe.
  • Création d’un prix des droits humains au niveau local, le Graz Human Rights Award, octroyé par l’université de Graz. L’un des lauréats a été la Fédération des Ombudsmen de Bosnie-Herzégovine. Organisation de séminaires d’échanges et de formation aux droits humains avec la participation de représentants de « Villes des droits humains » d’Afrique et d’Amérique latine.
  • Octroi d’une aide financière à la Ville des droits humains de Bihac en Bosnie-Herzégovine et invitation des membres du comité d’orientation de cette ville à un séminaire de formation aux droits humains.
  • Publication d’un rapport annuel sur la situation des droits humains à Graz : ce rapport n’est pas seulement descriptif, il compare en effet les engagements pris par la ville et l’état d’accomplissement de ces promesses.

Des initiatives très concrètes

  • Création d’une Promenade des droits humains, conduisant à des sites symboliques de la ville comme la synagogue, détruite durant la Nuit de Cristal en 1938, et l’ancien ghetto juif dévasté par les nazis en 1940.
  • Création d’un Parcours des droits humains (différent de la promenade citée ci-dessus). Situé à proximité de la ville, le long d’une des pistes de jogging et de randonnées les plus fréquentées, il est émaillé de lampadaires sur lesquels sont accrochées des plaques où sont inscrits les 30 articles de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. “
  • Débaptisation”, en 2005, du stade municipal qui portait le nom d’Arnold Schwarzenegger, originaire de Graz et gouverneur de l’Etat de Californie, pour protester contre la peine de mort en vigueur dans cet Etat.
  • Création d’un portail droits de l’homme, destiné aux jeunes de 14 à 20 ans et intitulé « connais tes droits » : Kenne deine recht

Sources & pour en savoir plus

Contact Prof. Wolfgang Benedek, Président du Conseil des droits humains (2010)

Europäisches Trainingsund Forschungszentrum für Menschenrechte und Demokratie (ETC Graz) Elisabethstraße 50b

A-8010 Graz Autriche

Tél. : 00 43 31 6 380 15 36 Fax : 00 43 31 6 380 97 97 courriel : wolfgang.benedek@uni-graz.at